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Symbolique ‘Atelier du Figuier’

Je me vois comme un instrument de transformation, la vie écoulée entre d’un côté, de l’autre sort celle écrite.

Erri De Luca, Le Tour de l’oie
les figuiers
The Figuier de l’Atelier du Figuier

Parfois, on ne l’a pas fait exprès, c’est la vie qui te pose ça là, juste devant tes yeux. Et alors, ça fait Tilt!

Il y a quelques jours, une salamandre est apparue sur la terrasse pluvieuse, trop heureuse de cette abondante humidité nocturne. J’ai pu l’observer une bonne partie de la soirée. J’ai immédiatement été séduite par l’élégance mode tout de noir et jaune du batracien, quasi hypnotisée par sa prestance. C’est la première fois que j’ai la chance d’en voir une « vraie », je veux dire, pas au travers d’un écran d’ordi, une en parfaite liberté de vivre sa vie sauvage. Son apparition soudaine et providentielle – il pleuvait dans mon cœur en cet instant autant qu’à l’extérieur – me sortit de ma torpeur. Après mon temps d’observation subjuguée, je fis un détour du côté significations et symboles, comme ma curiosité m’y invite souvent.

Le feu de la salamandre m’ayant portée en dictionnaire des symboles, voici ce que je retiens de ma cueillette lexicale du jour :

Salamandre, dans l’iconographie médiévale, elle représente le Juste qui ne perd point la paix de son âme et la confiance en Dieu au milieu des tribulations (dico des symboles de Robert laffon), animal qui se nourrit du feu, hautement symbolique pour les alchimistes, avec le phénix qui renaît de ses cendres…

Parfait. un peu de sang froid pour traverser mon feu, j’en appelle à la guidance de la salamandre pour m’aider à traverser les fluctuations de mon existence.

  • la visite de la Salamandre…qui ne perd point la paix de son âme et la confiance en Dieu au milieu des tribulations (dico des symboles de Robert laffon)

Alors  poursuivons ce détour au pays des étymologies et des symboles pour voir ce qui pourrait bien se cacher sous « L’Atelier du Figuier »… (le fameux ’tilt’ de l’appel de la salamandre: « tu t’étais promis d’écrire un article sur le thème du titre de ton blog, en guise de genèse bis« ). Allons-y.

Atelier, éty. ‘astelier’, tas de bois. (je pourrais toujours me chauffer en brûlant les mots-bois  inutiles qui sortiraient de ça et là). Lieu où on élabore, où travaille un artiste, lieu où s’exécute des travaux manuels, des activités d’art et/ou de loisirs, lieu où s’élabore une œuvre … Voilà, si je pouvais me faire la surprise au bout du compte de découvrir une œuvre naître de ce tas de bois dans mon atelier du figuier… et puis, écrire, ça réchauffe l’âme 😊

L’atelier, c’est le lieu de l’ouvrier, de la fabrique, de la mise en œuvre.

D’Ailleurs, suis-je artisan ou ouvrier ? l’artisan est un ouvrier entrepreneur… à ma manière je suis une sorte d’artisan… je tends vers … et en vérité j’admire les artisans besogneux, rudes à la tâche, solides, tout à leur affaire. C’est un cadeau qu’un artisan de l’oisiveté tel que moi ne pourra peut-être jamais connaître. Quoique l’oisiveté soit un art aussi, mais cela sera probablement l’objet d’un nouvel article.

Privée également de cette expérience fondatrice de femme-artisan faiseuse d’homme, où patience, gestation, et mise au monde ne m’a pas été donné de vivre, je ne peux même pas m’attribuer ces qualités transférables en ma simple qualité de femme, j’aurais pu. Celles qui mettent au monde le savent, de longs mois de transformation, d’inconforts, d’incertitudes, de douleurs, de surprise aussi. Et les longs mois et années qui suivent également à poursuivre le travail éducatif du petit être sorti de ce fourneau là…mais je m’égare.

Bref, ce qui sort de mes flancs m’est d’autant mystérieux et pour le moment assez informe, au sens où cela n’a pas (encore) de forme bien déterminé. J’y travaille. En cet atelier. Afin de me donner un espace, un cadre et même un peu d’enthousiasme à la tâche qui sait ? Extraire dans tous mes textes foutraques quelques bribes tenues pour ‘lisibles’ ou partageables, c’est déjà un début de travail de besogneux, non ?

Donc ‘Atelier’, mot nécessaire à mon dessein d’œuvrer, mot me donnant du cœur à l’ouvrage.

Et le figuier alors ??

Le figuier, le mot même me fait penser à figure, figuratif, figurer, donner un visage à, représenter… il y l’arbre, il y a le fruit. Un arbre fruitier comme totem à mon atelier, cela me plaît bien. D’ un point de vue symbolisme, le figuier est signe de volonté de survie, de générosité et de richesse naturelle.

C’est très bien ça, non ?

Le figuier s’accroche au moindre rocher, à la moindre fissure pour y puiser l’eau nécessaire à sa survie. D’où l’analogie avec le courage, l’intelligence et la volonté qu’il est nécessaire de déployer pour vivre et réussir son expérience sur terre.

Pour les égyptiens il représente la richesse et la fécondité ; en mythologie Gréco-romaine, ce sont des arbres nourriciers, producteurs de fruits essentiels à l’alimentation (le figuier et l’olivier).

Arbre de Dionysos, dieu de la fécondité chez les grecs, chez les romains il est associé à Mars, c’est l’arbre nourricier des fondateurs de Rome Romulus et Rémus. Il incarne la résistance et la propagation de la civilisation sur les bassins africains.

Pour beaucoup c’est un arbre sacré et protecteur, c’est la première plante de l’humanité cultivée pour la cueillette de ses fruits. C’est une plante auto-fertile. Le figuier mâle est un figuier sauvage qui ne donne pas de fruit comestible. Pour échapper au monstre marin Charybde, Ulysse s’accroche à un figuier…

A ce stade de ma vie, ces symboles et prédispositions du figuier prennent un sens qui m’est aussi singulier. Je vais m’accrocher au figuier pour me sauver du monstre qu’est l’hydre-poulpe de mes fonds marins. Ses dents acérées des déprimes me guettent et m’attrapent les mollets, à l’orée des bois de la perte et du deuil de mes désirs d’enfantement et de parentalité. Méditer sous un figuier aurait des vertus médicinales. Dormir sous un figuier signifie mener une vie indolente et paisible (c’est un souhait, il est vrai), la figue est un véritable fortifiant, la nourriture préférée des athlètes et des convalescents et elle combat efficacement l’asthénie nerveuse… je crois que j’en n’ai jamais mangé autant que cette année 😉

Je passerai la symbolique sexuelle (dans le Var, on la nomme la « couille du pape » et ailleurs « la grosse joufflue », la « franche paillarde », la « mignonne »…) mais je garderai l’expression « être figué » qui signifie être avachi comme une figue molle… à peu près la position canapé que j’ai eu en ce week-end de changement d’heure !

Je garde aussi (et vous conseille) la figue en cuisine, fraîche ou sèche, elle s’invite à notre table toute l’année, avec du bleu du Vercors, ou du chèvre, des noix, du miel et du thym, ou… slurp ! miam ! l’heure du dîner vient de sonner, signant la fin de cet article ci, et souhaitant de fertiles écrits plus tard !

bonheurs terriens

Il m’a fallu nommer cet espace privilégié où je livre écrits, photos, réflexions, et partage poétique de cette traversée planétaire éphémère. Donner un nom c’est donner une existence. Ma proximité des figuiers du domaine où je vis en ce moment a fortuitement aidé cette tâche. Ainsi la figure du figuier s’inscrira comme un temps consacré à mon goût des mots et des symboliques variées, en bon compagnonnage  à la créativité. Sur ce, à taaaaabbbblllllleeeee!

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